Les maquis du Fumélois et de la vallée de la Lémance : Le Groupe "GEOFFROY"

Publié le par resistancefumelois

LE GROUPE "GEOFFROY" DE JEAN VERMONT À FUMEL

Jean VERMONT est né le 05/07/1906 à MEZIERES dans les Ardennes, en 1942 il était ingénieur à la S.M.M.P. de FUMEL, au service de la centrifugation. Dans le service, dès 1942, les discussions ont pour sujet les "faits troublants"…VERMONT a pris des contacts avec les divers maquis de la région mais il était déçu par "trop de paroles, de tendances politiques, pas assez d'action". Il décide avec son adjoint CONTI de provoquer une réunion dans les locaux de l'usine avec quelques personnes sûres pour monter un mouvement "spécifiquement militaire, toute tendance politique sera exclue" (1). Un premier groupe est constitué mais des personnes sont arrêtées, le groupe se met en sommeil avant de repartir. Jean VERMONT prendra pour pseudonyme "GEOFFROY" "c'est un nom bien français, vieux français même mais d'une antiquité de bon aloi" (2).

Jean VERMONT avait des contacts avec les services du S.O.E. anglais par l'intermédiaire de Philippe de GUNZBOURG. Le groupe a pu bénéficier de parachutages, savoir quelles actions organiser…du 06 juin au 09 août 1944, un livre de bord a été tenu au quotidien. Les effectifs du bataillon ont été : 366 volontaires européens, 158 volontaires indigènes. Sur ordre du colonel BECK, la compagnie DOLLÉ 185 personnes et le groupe KLEBER 98 personnes furent adjointes au groupe au 19/08/1944, un effectif de 807 personnes.

Les opérations auxquelles ont participé les membres du groupe :
  • 15 parachutages ont été réceptionnés dans les environs de FUMEL, la phrase entendue sur les ondes de la B.B.C. "les feuilles sont chassées par la tempête". L'activité allemande dans le secteur se faisant de plus en plus pressante, une partie du matériel a été transporté à BARTHES dans une grange qui appartenait à un milicien de VILLENEUVE ! (à son insu bien sûr).
  • Juin 1944, l'effectif du groupe est divisé en 4 camps dans les alentours. La gare de LIBOS est le centre de renseignements.
  • 19 juillet, attaque de la gendarmerie de VILLENEUVE en plein jour pour récupérer des armes, sous les applaudissements de la foule, c'était jour de marché !
  • 07 août, à la demande du commandant "ARCHIDICE", deux camions partent en renfort pour permettre à un groupe "accroché" par les Allemands de se replier. La mission est réussie.
  • 09 août, deux avions de tourisme sont récupérés sur l'aérodrome de CAHORS. Trois heures de travail pour les installer sur les camions ! un camion rentrera sans encombre, l'autre donnera des "sueurs froides" aux maquisards, les piles du pont de LUZECH étant trop étroites de quelques millimètres, le vernis du bord des ailes des avions sera un peu écaillé, mais le convoi arrivera à bon port. Deux résistants du convoi qui effectuaient la mission de surveillance des routes, dont la moto est tombée en panne, dénoncés, ils y laisseront la vie.
  • 12 août, lors de la reconnaissance d'une mission de destruction des voies ferrées entre AGEN et VALENCE d'AGEN, le convoi, sur le chemin du retour est "accroché" par des miliciens et des allemands, des blessés et des morts sont à déplorer. La voie ferrée sera détruite le lendemain.
  • Certains membres du bataillon vont s'engager pour la poursuite des combats vers la Pointe de Grave, l'Alsace…

Le bataillon avait inventé une chanson sur l'air de la marche "Paris - Belfort".

Les blessés étaient soignés à la clinique du docteur BOQUET à Salomon sur la commune de Montayral.


Château de Salomon de Saint-Vite
Château de Salomon de Montayral

Puis devant l'intensification des combats, le commandant GEOFFROY, établit une infirmerie de campagne, les deux infirmières de l'usine sollicitées, ont accepté et ont suivi les maquis dans leurs déplacements. Un stock de médicaments avait pu être récupéré, le ravitaillement pour nourrir les blessés a été donné parfois par Lucien BOSSOUTROT et Marguerite DURAS qui était à la Source Bleue de TOUZAC, elle venait aussi visiter les blessés et leur apporter du réconfort.

Après la guerre, Jean VERMONT a repris son travail à l'usine et il a créé une amicale du groupe afin d'aider tous ceux qui en avaient besoin.

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(1) (2) Historique du Bataillon Geoffroy écrit par Jean VERMONT.

 

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S
Les 2 résistants "dont la moto est tombée en panne" sont MIRASSOU et Claude SCHAEFER, mon oncle, tombés le 10 08 1944 dans une embuscade à PRADINES (46), en bordure de la place.....Claude SCHAEFER (inaugurée en mars 1996). Le Lieutenant SCHAEFER a succombé sur place à ses blessures, sans rien révéler (à la Gestapo). MIRASSOU est mort à Cahors le 14 août à l'issue d'une série d'interrogatoires par la Gestapo. Le dénonciateur présumé (des 2 résistants) a été pris par le groupe Geoffroy et exécuté (je ne sais quel jour d'août 44) par ce dernier. Mon père, Bernard (16 02 1924 - 01 07 2016), frère de Claude et membre aussi de la résistance - région de Villeneuve, s'est vu proposer par un responsable de "Geoffroy" d'exécuter lui-même "celui qui avait dénoncé son frère" ; ce que mon père (tenant un pistolet, à 3 mètres du prisonnier) a refusé, allant jusqu'à aller chercher de l'eau pour ce dernier, les geôliers estimant "qu'il pouvait bien crever" (m'a redit encore mon père à Noël 2015, 6 mois avant sa mort). Mon père rechignait à parler des évènements d'août 1944, alors qu'il était intarissable lorsqu'il s'agissait d'évoquer "Rhin et Danube" (des Vosges jusqu'à Stuttgart, de 12 1944 jusqu'au 08 05 1945), les 3 "F" (Froid, Fer et Feu) l'ayant certes marqué, mais au final de manière moins négative que la mort de son frère et toutes les circonstances qui ont entouré ce douloureux évènement. Prenant des risques gigantesques, la famille LAMOLERE (le père et ses deux filles), résidant à proximité de la (future) place Claude SCHAEFER, se sont occupés de la dépouille de mon oncle, les 2 jeunes filles l'ayant notamment recouvert d'un drap blanc en guise de linceul, fixé au sol par des pierres : hommage à cette famille.
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